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Le cœur abandonné

Nourrir une blessure en son sein équivaut à garder des poignards auprès de soi. La blessure peut avoir pour origine toutes sortes de raisons légitimes qui nous font perdre notre véritable perspective et peuvent nous rendre amer et vindicatif. L’amertume affecte celui qui la nourrit, et il en vient à perdre son discernement. Un homme sans discernement est comme le soldat d’une guerre moderne qui n’aurait pas de GPS ou de radar pour se guider. Que faire quand la toute première étape de SadhanaChatusthaya, ‘vivek’, le discernement, va déjà de travers!

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« Pardonner à tous avec un cœur généreux
donne naissance à une paix et à une tranquillité infinies. »

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Essayer de se venger ne fait que perpétuer la maladie. Cela peut-il apporter le repos? Cela peut-il apporter la paix? Cela peut-il laisser la conscience circuler sans entrave? Un cœur blessé se limite alors purement au mouvement, qui va lui aussi dans la mauvaise direction au lieu de se développer librement selon la nature de Brahman.

Être vindicatif ne fait qu’encourager davantage de violence, aussi subtile soit-elle. Celle-ci a un grand nombre de moyens à sa disposition pour afficher sa vilaine couleur. Elle se manifeste sous forme de colère, d’irritabilité et de tristesse, à l’origine de sentiments instables qui provoquent, chez les personnes affligées d’une vision limitée, une débâcle physique, mentale et émotionnelle, tout cela à cause d’une attitude vindicative. Le contentement n’est alors plus qu’une simple idée. Le cœur vindicatif rejette la compréhension, rejette tout compromis dans l’intérêt de la paix, rejette l’harmonie mentale et émotionnelle et empêche de devenir spirituellement prospère, ce qui entrave tout cheminement futur vers la Réalisation. Comment peut-on alors rêver de félicité ou de ce qui est au-delà?

Au lieu de juger les autres vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept en leur transperçant le cœur avec des opinions et remarques désobligeantes, ce serait tellement mieux si des manières plus douces et des mots plus gentils venaient adoucir le cœur de ceux-là même qui ont essayé plus tôt de nous faire du mal! Les véritables chercheurs dans le domaine de la spiritualité, ayant un système interne hautement chargé, ont simplement besoin de canaliser leur attention avec une légère vigilance en laissant leur belle condition intérieure se diffuser sans limite.

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« Il est de notre responsabilité de promouvoir le grand prestige
de la Source à laquelle nous appartenons. »

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Il est de notre responsabilité de promouvoir le grand prestige de la Source à laquelle nous appartenons. Peut-on dire que ceux qui sont occupés vingt-quatre heures sur vingt-quatre à juger les autres travaillent pour la Nature ou pour Dieu? Sont-ils des agents du Divin? Quels qu’ils soient, ils tissent leur propre destinée, mais nous, mettons à profit la faveur qui nous est accordée, c’est-à-dire notre capacité à tirer un enseignement des erreurs des autres.

N’avons-nous pas appris que Dieu ne peut pas être dupé? Pouvons-nous rêver d’une mutabilité des Lois Divines dans notre intérêt? Les Lois Divines sont immuables. Les réactions de toutes sortes ont leur germe enfoui au plus profond de notre conscience. Lorsque nous sommes pleinement conscients de la Loi du Karma, comment pouvons-nous cacher, conserver et protéger les germes de la colère, de la passion et de la vengeance dans le sol fertile de notre cœur, dont le Seigneur devrait être l’occupant premier et le propriétaire du temple que nous appelons le cœur?

Sachez bien que l’orgueil donne naissance dans son sillage à de nombreux traits malheureux, comme la colère, l’amertume, la vengeance, le chagrin, la douleur, la perte du discernement, le préjugé et bien d’autres maux du même ordre.

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« Le canevas idéal pour une vie de disciple (shishya) consiste
à ‘vivre dans la Conscience du Divin’
par l’art du souvenir constant,
issu de méditations joyeuses. »

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Voyez comment Babuji explique si bien l’aspect fondamental du bhoga dans son commentaire sur la septième Maxime, et comment il nous guide par ailleurs en expliquant comment et pourquoi prendre les torts que les autres nous ont faits comme des cadeaux divins.

Dans l’existence matérielle, un certain niveau d’ouverture du cœur est nécessaire, mais ceux qui désirent ardemment une évolution spirituelle rapide devront cultiver un niveau d’ouverture du cœur sans précédent.

Maxime 7: N’ayez pas de désir de revanche pour les torts que les autres vous ont faits. Prenez-les avec gratitude comme des cadeaux du ciel.

Ne devrions-nous pas prendre cela comme une injonction à cultiver les habitudes d’un cœur qui pardonne? Il écrit: «Voilà comment se créent les circonstances du processus du bhogam, dont les causes peuvent être intérieures ou extérieures.»

«L’aide extérieure vient sous forme de souffrances dues aux torts causés par autrui et qui empoisonnent généralement la pensée des gens du fait de leur ignorance. C’est une erreur, car cette action, ayant contribué au processus de purification, vous a en fait rendu redevable. Dans ce cas, le travail accompli par l’intermédiaire d’un agent extérieur quel qu’il soit vous rend le service que vous aurait rendu un véritable ami.»

Notre cœur apprécie naturellement à leur juste valeur les grandes différences entre un cœur qui pardonne, un cœur reconnaissant et un cœur vindicatif. Laissez le cœur percevoir ces contraires. Dans l’existence matérielle, un certain niveau d’ouverture du cœur est nécessaire, mais ceux qui désirent ardemment une évolution spirituelle rapide devront cultiver un niveau d’ouverture du cœur sans précédent.

Un cœur abandonné attire la grâce, le bonheur, la gaieté et la joie, qui à leur tour construisent les relations avec les autres. Un cœur vindicatif nourrit de l’animosité et divise. Un cœur qui pardonne, tout en attirant la grâce, attire aussi dans son sillage les bénédictions des Autorités Supérieures. Imaginez Leur joie lorsque quelqu’un débarrasse son cœur de ce fléau une fois pour toutes.

Remède: le prélude au pardon est ce joyau de vertus que possède un cœur acceptant qui guérit toutes les blessures. En cultivant constamment l’humilité et en maintenant sous contrôle ses pensées, ses sentiments et ses actions, nous pouvons tous avoir la capacité de rester à l’écart de la trame de l’orgueil.

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« Le cœur, immergé dans la gratitude envers Dieu,
n’a plus besoin de pardonner à quiconque.
Dans un tel cœur il n’y a pas d’orgueil à blesser
et ce cœur ne peut pas non plus blesser qui que ce soit en représailles.
Là où il n’y a pas de souffrance, comment pourrait-il y avoir
des germes de vengeance?

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Dans la Gita, le seigneur Krishna donne instruction à Arjuna d’accomplir ses actions dans la Conscience du Divin. Il accorde également à Arjuna davantage de souplesse et le cajole en lui disant que s’il rate l’occasion d’accomplir ses actions dans la Conscience du Divin, il a toujours la possibilité de renoncer au résultat de celles-ci et être ainsi débarrassé de leurs conséquences.

Le canevas idéal pour une vie de disciple (shishya) consiste donc à ‘vivre dans la Conscience du Divin’ par l’art du souvenir constant issu de méditations joyeuses. Supposons que nous n’ayons pas réussi à accomplir nos actions dans la Conscience du Divin, nous en soumettons alors les résultats en disant: «Les voici à vos pieds de lotus, mon Seigneur!». Lorsque nous ratons ou négligeons délibérément ce qui vient d’être évoqué, nous pouvons effacer au cours du nettoyage du soir les impressions formées.

Malgré tout cela, dans notre grande impuissance, nous prions notre Seigneur d’un cœur empli d’amour et d’humilité, demandons pardon et prenons la résolution de ne pas répéter le même type d’erreurs. Pour résumer:

  • Agir dans la Conscience du Divin par le souvenir constant
  • Travailler comme si vous travailliez pour Lui et Lui seul
  • Le Seigneur travaille à travers moi
  • Lui abandonner le fruit de nos actions
  • Lorsque, malgré tout cela, des impressions menacent notre conscience, nous avons recours au nettoyage dans la soirée
  • Demander pardon pour les torts commis et prendre la résolution de ne pas les répéter

Grâce à nos efforts constants pour rester pur et simple par la pratique quotidienne, l’humilité, la soumission et la simplicité inondent notre cœur. Une effusion spontanée d’amour envers tous nous submerge soudainement. Le cœur, immergé dans la gratitude envers Dieu, n’a plus besoin de pardonner à quiconque. Dans un tel cœur il n’y a pas d’orgueil à blesser et ce cœur ne peut pas non plus blesser qui que ce soit en représailles. Là où il n’y a pas de blessure comment pourrait-il y avoir des germes de vengeance? Il y a en permanence la paix, la paix et la paix. Un cœur qui est en paix, satisfait et par-dessus tout silencieux – que peut-il demander de plus?

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« Un cœur abandonné attire
la grâce, le bonheur, la gaieté et la joie,
qui à leur tour construisent les relations avec les autres. »

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