Pourquoi une Journée des enseignants? S’il n’y avait pas d’enseignants dans le monde, toutes les autres professions disparaîtraient. Cela revient à dire que sans les mères il n’y aurait pas non plus de bébés.

En 1994, l’UNESCO a proclamé le 5 octobre Journée mondiale des enseignants. Certains pays la célèbrent à des dates différentes. En Inde par exemple, la Journée des enseignants est célébrée le 5 septembre et en Argentine le 11 septembre.

Alors que le monde s’attendait et se préparait aux crises dans les domaines de l’environnement, de l’économie et de la politique, quelque chose d’inattendu nous a frappés: la pandémie du COVID. Au cours des deux dernières années, tous les enseignants et parents ont vécu toutes sortes d’épreuves et difficultés, et nous ne sommes toujours pas en mesure de savoir précisément quand les écoles vont ré-ouvrir pour nos enfants. L’avenir reste incertain à bien des égards.

Les problèmes peuvent être locaux ou nationaux, mais les solutions doivent toujours être individuelles pour être durables et globales. Et cela, c’est le travail du cœur humain. Enseigner et apprendre est un travail difficile, tant que nous ne réalisons pas qu’il s’agit du travail du cœur.

Instinctivement, la plupart d’entre nous ressentent que notre premier enseignant est notre mère et que notre première leçon est l’amour. La première leçon d’amour est enseignée de manière pratique par la mère qui donne sa vie et son amour à son bébé. Si nous ressentons cet amour consciemment et sommes disposés et prêts à l’étendre au monde, le problème est résolu, non pas instantanément mais progressivement. Cela demande de la patience et de la foi, le rôle des enseignants est donc essentiel.

La première leçon est l’amour

Les enseignants sont nos deuxièmes parents, ils poursuivent le travail des mamans et des papas. Ils nourrissent non pas le corps mais le mental, le cœur et l’intellect. Ils nous enseignent les principes de la vie courante, nous aident à développer des compétences professionnelles et surtout les attitudes appropriées. Ils font également un «travail de nettoyage» en aidant les élèves à se défaire des concepts, attitudes et comportements inappropriés. Ils apprennent aux élèves à se connecter à la source de sagesse et de créativité qui se trouve dans leur cœur et à puiser dans ce potentiel.

Nous nous souvenons tous des paroles de sagesse et des citations de grands maîtres tels que Bouddha, le Seigneur Krishna, Jésus-Christ, Swami Vivekananda, mais aussi de maîtres de sagesse contemporains comme le Dr Abdul Kalam, Savitribai Phule (première femme enseignante de l’Inde moderne), sans oublier des maîtres plus récents et très populaires comme Richard Feynman, Carl Sagan, Neil de Grasse Tyson et bien d’autres encore.

Lorsqu’elles sont non conventionnelles et innovantes, les méthodes d’enseignement sont souvent couronnées de succès. Même dans le passé, le Seigneur Krishna, Jésus-Christ, le Seigneur Rama, Shri Ram Chandra de Fatehgarh (Lalaji), l’adiguru de la tradition Heartfulness, ont tous employé des tactiques et des techniques différentes pour former et instruire leurs étudiants. Nous savons de quelle façon le Seigneur Krishna a été obligé d’intervenir sur le champ de bataille, et ce en quelques minutes seulement, pour inciter le plus grand guerrier de l’époque, Arjuna, à combattre le mal et à faire son devoir pour rétablir l’éthique et l’harmonie dans la société. Le seigneur Krishna a dû débarrasser Arjuna de la confusion qu’il faisait entre le devoir et l’attachement ou l’aversion envers les proches de sa famille. Par sa propre volonté et sa sagesse, il a dû libérer Arjuna de la dépression et de la charge émotionnelle. Il lui a ensuite révélé la sagesse et les capacités déjà présentes en lui, lui donnant ainsi la capacité de gagner la guerre.

Beaucoup plus tard, à Jérusalem, le Seigneur Jésus a donné de grands enseignements pour apporter une nouvelle dimension au ressenti et à la pensée. Mais lui aussi a eu besoin de l’aide de Jean- Baptiste.

Bien avant, en Asie du Sud-Est, la tradition a voulu que le Seigneur Rama soit célébré pendant des siècles comme le roi idéal. Lui aussi a acquis beaucoup de sagesse et de clairvoyance auprès de ses maîtres, les sages Vasishta et Atri.  Il a également appris la maîtrise des armes auprès du rishi Vishwamitra, ce qui lui permit de remporter la guerre épique contre la grande armée de Ravana.

Au quotidien, enseigner devient de plus en plus le travail du cœur. Il ne s’agit pas simplement d’un processus cognitif ou de la communication d’informations et de faits. Bien qu’un enseignant les instruise tous de la même manière, certains élèves apprennent facilement et rapidement, d’autres sont distraits et dissipés. Donc, tout en dispensant le même enseignement à tous les élèves, l’enseignante a également besoin d’un soutien émotionnel et d’équilibre pour réussir à éduquer les enfants. Si elle ne parvient pas à gérer et réguler ses émotions, si elle perd son sang-froid, se met en colère ou s’énerve, comment va-t-elle aider les élèves? À l’heure actuelle le contexte pédagogique n’est pas facile. La plupart des plaintes reçues portent sur le fait que les étudiants n’allument pas leur caméra quand ils suivent les cours en ligne. L’enseignante ne peut donc pas faire une évaluation en se basant sur l’expression des élèves et elle ne sait même pas si l’élève est présent à l’autre extrémité du dispositif. Alors, que dire des examens? Et pourtant, les enseignants d’aujourd’hui ont fait preuve de créativité pour surmonter les obstacles, à l’instar de tous leurs prédécesseurs dévoués; ils se sont surpassés continuellement et continuent de faire leur devoir avec beaucoup d’amour, de compassion, de dévouement et de sincérité. À tous, j’adresse mes félicitations et leur rends hommage pour l’amour qu’ils ont dans le cœur.

Le rôle de l’enseignement devient de plus en plus un travail du cœur

Être un bon enseignant signifie que vous pouvez non seulement accomplir votre tâche avec succès, mais aussi que votre cœur est généreux, car vous vous accrochez à cette profession par amour des enfants et par devoir envers eux. Il y a là un grand espoir pour l’humanité, et ces quelques grandes âmes contribuent largement à l’avenir de l’humanité.

Si l’espèce humaine est aujourd’hui à la pointe de l’évolution et de l’éducation sur cette planète, elle le doit en grande partie à ce principe du Guru-Shishya parampara (la tradition maître-élève) qui consiste à transmettre les connaissances et les compétences, l’amour et la compassion, l’énergie vitale du prana et la joie. Il y a également ce cadeau qu’est la connexion à la Source intérieure, car l’enseignant suprême se trouve à l’intérieur de chacun d’entre nous.

Célébrons donc aujourd’hui les meilleurs d’entre les meilleurs – LES ENSEIGNANTS!

Comme le dit cet ancien hymne du Rig Veda:

आनो भद्राः क्रतवो यन्तु विश्वत: | – ऋग्वेद – 1.89.1
āno bhadrāḥ kratavo yantu viśvato
Laissons de nobles pensées affluer vers nous.
– Rig Veda 1.89.1