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Voyage et conversations avec Daaji du 20 au 22 novembre 2018

COURTES NOTES SUR UN LONG VOYAGE, SUITE: DE LA ‘KONKAN COAST’ JUSQU’AU RETOUR À KANHA


20 ET 21 NOVEMBRE


Hassan et Tiptur

Daaji a conduit la méditation à Hassan vers 7h30, puis est parti pour Tiptur. Il est arrivé au centre de Tiptur à 13h15, où il a été accueilli par les milliers de pratiquants, venus de nombreux centres alentours, qui s’étaient rassemblés dans le calme.

Le soir, Daaji a conduit la méditation et a fait un bref discours. En voici quelques extraits:

UNE MUTATION DE NOTRE COMPRÉHENSION

«Pendant la méditation je me suis souvenu d’un beau message de Babuji Maharaj dans lequel il dit: ‘Deh dhaari ko taqleef hi taqleef hai, phir bhi’, puis il continue en disant que les êtres incarnés sont aux prises avec des soucis quotidiens, ‘mais que cependant leur attention ne va pas au-delà de tout cela’. Y a-t-il ici quelqu’un qui n’ait pas de problèmes? Nous luttons tous.

«Imaginez que vous soyez grand-parent. Quelles questions poseriez-vous à vos petits-enfants? Comment vas-tu? Es-tu bien installé? Es-tu en bonne santé? Et ils vont tous vous répondre, même ceux de 7 ou 8 ans vont dire: ‘Grand-père, je n’ai pas ceci, il me manque un jouet, mon papa ne m’achète pas cela.’ Si vous posez la question à votre belle-fille ou à votre belle-petite-fille, elle va commencer à se plaindre de sa belle-mère et la belle-mère va se plaindre de sa belle-fille. Si vous êtes un homme d’affaires et que vous observez la façon dont travaillent vos collaborateurs, cela vous attriste. Il y a un monde de rivalité au sein de votre personnel.

«Il se passe la même chose dans les organisations spirituelles. Le coordinateur de zone est en compétition avec le coordinateur de centre; vous savez que c’est toujours le cas. Dieu sait ce qui les pousse à une telle rivalité! Pourquoi lutter inutilement alors que la vie est censée être une traversée en douceur vers le but?

«Nous finissons par créer nos propres complexités. Babuji dit que nous tissons notre propre trame en fonction de nos intentions. Si vos intentions sont pures, vous ne formerez pas de tels réseaux de complexités. La difficulté découle donc toujours de ces sentiments d’insécurité, de rivalité, de jalousie et de manque de confiance en soi. Tout cela se reflète dans notre comportement quotidien. Même dans les familles ‘soi-disant‘ heureuses, quand ils regardent un film, ils se disputent pour avoir la meilleure place: «Je veux m’asseoir de ce côté du canapé.» Si vous êtes une personne âgée, vous aurez la préséance par respect, et les petits-enfants se pousseront, mais d’une certaine manière c’est encore s’imposer.

«Ce combat est superflu. Est-ce que cela en vaut la peine? À présent, lorsque nous repensons à notre vie quand nous avions 6, 10, 15 ans, quels étaient alors nos combats? Ensuite nous sommes allés à l’université et quel a été notre combat? Après la remise des diplômes, quel a été notre combat? Et comment sommes-nous arrivés à dépasser ces obstacles, à les transcender et d’une façon ou d’une autre à les résoudre? Avons-nous fait quelque chose pour les résoudre? Je vous prie d’y réfléchir.

«Même si vous vous disputez, qu’allez-vous gagner? Comment allez-vous gagner? Et de toute façon qu’allez-vous gagner dans une relation en prouvant que quelqu’un a tort? Qu’allez-vous y gagner? Peut-être aurez-vous raison sur un point mais vous vous serez créé un ennemi dans votre propre maison, dans votre propre foyer.

«Aussi Lalaji Maharaj dit-il que rien ne vaut l’amour. Amour veut dire sacrifice. Même si les autres se trompent parfois, prenez du recul et attendez que l’autre personne s’en rende compte par elle-même. Attendez patiemment et voyez ce qui se passe. Que se passe-t-il pendant la méditation lorsque nous nous débattons avec nos pensées? Là aussi il y a une lutte interne; comment pouvons-nous nous écarter de ce flux constant de pensées? Simplement en les ignorant, non? Babuji conseille de les ignorer et de simplement vous rappeler que vous êtes en train de méditer. Dans la vie de tous les jours, rappelez-vous également: ‘Nous sommes une famille, nous nous aimons les uns les autres.’ Pourquoi lutter? Pourquoi se bagarrer? Pourquoi se disputer? C’est gaspiller la plupart de nos énergies.

«Tout ce qui va créer de la discorde dans une famille, laissez-le tomber. Tout ce qui crée des dissensions dans le monde du travail, laissez-le tomber. Changez. Même les bactéries et les virus, dès l’instant où ils trouvent une résistance, effectuent une mutation. Vous avez probablement entendu dire que certains antibiotiques ne fonctionnent plus de nos jours. Pourquoi? Parce que les bactéries ont appris à contourner ces antibiotiques. Elles sont résistantes. Changeons aussi. Si les bactéries peuvent apprendre, alors pourquoi ne pouvons-nous pas apprendre de nos combats, de la résistance à laquelle nous faisons face dans la vie quotidienne? C’est cela la transformation. Ce qui est mutation pour les bactéries est pour nous transformation. C’est également une sorte de mutation depuis l’intérieur, une transformation de notre compréhension.»

Tard dans la soirée, l’ashram était rempli de lumière – des diyas [lampes à huile] étaient allumées partout. Daaji est sorti et a passé du temps avec les pratiquants; il y avait de la légèreté dans les échanges et des rires. La beauté de notre ashram était vraiment palpable. En présence du Guru, nous étions tous transportés dans un autre monde.

Le lendemain matin, fut pour Daaji le début du voyage de retour vers Kanha. Il a conduit la méditation à l’ashram de Tiptur, et il est parti aussitôt rendre visite à une famille. Il a pris son petit déjeuner dans une ferme du voisinage et à 11h30 il était déjà arrivé à Thumkur. Il a conduit la méditation et s’est mis en route pour Kanha. Peut-être que Kanha avait commencé à réclamer son retour!

Il était environ 12h30 quand Daaji s’est arrêté pour déjeuner dans un petit centre appelé Koretegere. Ce magnifique village, entouré de collines, a apporté de la joie à tous. Daaji s’est assis dehors et a pris son déjeuner avec un petit groupe de pratiquants du village. Il n’y avait que du bonheur dans l’air. Le soir, vers 18h35, Daaji est arrivé au centre d’Anantpur et est allé presque immédiatement conduire la méditation. Il s’est couché tôt.


JEUDI 22 NOVEMBRE


Anantapur Kurnool et Kanha

Daaji s’est levé très tôt, vers 3h30; il était prêt et travaillait sur son ordinateur. À 4h45 il était en route pour Kurnool. Tôt dans la matinée, il a commencé à parler de l’Ashtanga Yoga, de ses avantages et de ses limites. Il a comparé l’Ashtanga Yoga à un vaccin – s’il est administré au tout début, il peut agir à titre préventif. Si la maladie est déjà présente, alors à quel point ces mesures peuvent-elles contribuer à la guérison? Daaji estimait que les pratiques yogiques contribuent sans aucun doute à l’amélioration de la santé et de beaucoup d’aspects de la vie au niveau périphérique mais qu’en est-il des aspects profondément enracinés? Quelqu’un a fait remarquer que le nettoyage et le guru vivant sont très efficaces pour enlever des samskaras profondément enracinés. Daaji a répondu qu’il est difficile de savoir de façon précise ce qui a été supprimé par le nettoyage.

‘Être centré’

Daaji: Est-il possible de découvrir ce qui a été nettoyé à partir d’un changement notoire chez une personne? Combien de personnes ont changé leur comportement de façon notoire? Les tendances restent très fortes chez les gens. Nos préférences et nos aversions individuelles sont très fortement enracinées, malgré le nettoyage et le fait d’arriver à une sorte d’état équilibré de méditation. Après quelques minutes, les gens sont revenus à la case départ. Une métamorphose à rebours!

Q: Alors, cette forte orientation à aimer et à détester en chacun de nous est-elle au-delà du samskara? Après tant d’années de pratique, s’il en reste encore…

Daaji: Nous restons dans notre zone de confort. D’une façon ou d’une autre la transformation nous dérange en nous faisant sortir de notre zone de confort. Même un petit peu de changement n’est pas accueilli par le corps physique, ni par notre constitution mentale et émotionnelle. Certains comportements vont persister. Par exemple, traiter certains membres de la famille d’une certaine façon, même lorsque le cœur dit: «À présent tu peux mieux te comporter,» nous revenons à la case départ.

En théorie, le yoga peut soigner certaines choses ici et là, grâce aux asanas et au pranayama. Lorsque nous considérons toute la structure, yama, niyama, asana, pranayama et pratyahara offrent une importante prévention. Lorsque nous menons un certain style de vie, lorsqu’une certaine discipline a été respectée, nous ne commettrons pas d’erreurs. Ne pas succomber aux erreurs est yama. Installer de bonnes qualités dans la vie de tous les jours est niyama. Ces deux membres sont, selon leur propre spécificité, des pas de géant dans l’évolution de la conscience.

Essayer d’imposer superficiellement la bonté sans y mettre de l’intérêt est pur blanchiment, mais si nous restons centré et attentif, cela arrive automatiquement. Nous n’avons alors pas besoin de faire des efforts pour atteindre brahmacharya ou astheya, ni de faire des efforts pour ne pas être violent ou en colère. Nous ne penserons même pas à ces choses-là, et il n’y aura aucun effort à faire ou à ne pas faire. C’est le point culminant du yoga, lorsque nous sommes centré intérieurement.

Daaji est arrivé à l’ashram de Kurnool vers 6h45 et un quart d’heure plus tard, la méditation avait commencé. Un groupe important s’était rassemblé pour l’accueillir. Il a quitté l’ashram de Kurnool à 11h et est arrivé à Kanha à 13h45. Daaji s’est rendu dans son appartement et est d’abord allé voir sa mère. Ce voyage de dix jours sur 1800 kilomètres a couvert beaucoup de petits centres et quelques nouveaux. Le soir venu, Daaji a repris sa routine de Kanha, et plus tard dans la soirée, il s’est assis sur sa balancelle habituelle et il a parlé au sujet ‘d’être centré’.

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