« Une acceptation sincère du monde et de tout ce qu’il a à offrir permet de dépasser la nécessité de tolérer tout ce qui est ou de s’y abandonner. C’est la bonté intrinsèque du cœur qui me permet d’accepter tout ce qui est comme étant mien. Désormais, tout ce qui peut arriver nous concernera tous toujours. »
Dans mon article précédent, j’ai exprimé quelques pensées sur la manière de fortifier notre capacité innée à prendre avec confiance des décisions dans la vie, en écoutant notre cœur et en agissant selon son inspiration, ainsi que sur la manière d’éviter le champ de mines de la confusion et du doute.
Pourquoi écouter le cœur?
Il y a une bonté intrinsèque en chacun de nous. Nous n’avons pas besoin de réfléchir pour savoir comment être bon. Cela arrive naturellement. Lorsque quelqu’un vous demande: «Comment vous appelez-vous?», vous n’avez pas besoin de réfléchir. Cela sort tout seul. Faut-il faire un effort ou avoir de l’imagination pour dire la vérité? Seuls les mensonges demandent des efforts. La bonté vient naturellement.
Certains pratiquent leurs rituels quotidiens, qu’ils soient spirituels ou religieux, par peur. Ils pensent que s’ils ne font pas leurs rituels, ils risquent d’être voués à l’enfer. D’autres pratiquent leurs rituels par tentation pour la demeure céleste, offrant des prières à Dieu pour s’assurer leur passage dans le Monde lumineux.
Mais en amour, chercher un retour sur investissement est un sacrilège. C’est la raison pour laquelle «aimer simplement pour aimer» a été porté si haut. Lorsque notre investissement est entaché de désir ou d’ego, le lien entre le Seigneur et le dévot en souffre. Soudoyer le divin avec du prasad, des noix de coco ou des bâtons d’encens pour recevoir en échange des dizaines de millions (sans parler d’une vie heureuse, en bonne santé et sage): cela peut-il être juste? Vous n’avez pas besoin d’être un sage pour le comprendre! Lorsque la relation d’une personne avec le Seigneur est basée sur la transaction, elle apprendra naturellement à se comporter de la même manière avec les autres, c’est-à-dire pour en tirer avantage.
Supposez qu’un laitier veuille augmenter ses revenus et décide de diluer son lait avec de l’eau. Mais en y repensant, il se dit qu’il pourrait être pris et que cela lui ferait perdre des clients. Donc, il y renonce. Cette décision le rend-elle vertueux? Même s’il n’a pas triché, c’était pour une mauvaise raison: sa réputation. Seulement voilà, en faisant cela, il a compromis la bonté intrinsèque et la moralité de son cœur.
Si nous nous abstenons de faire le mal seulement parce que nous avons peur d’être découvert, cela prouve que nous avons encore besoin de règlements et de politiques pour éviter de nous écarter de la voie du dharma, la voie de la droiture. Mais si nous permettons à notre bonté intrinsèque, à notre honnêteté, de se manifester et de prévaloir, la conséquence naturelle qui en découle automatiquement et à juste titre est que les règlements et les politiques deviennent redondants. Plus il y a de règlements et de politiques, plus nous nous écartons de notre bonté intrinsèque.
Si nos actes sont vertueux mais seulement pour faire bonne impression sur les autres, nous compromettons encore notre bonté intrinsèque. Notre communauté peut nous récompenser pour notre vertu, mais bien que nos actions soient justes, elles ne sont pas pures. Nous n’exprimons toujours pas notre vraie bonté. Nous portons simplement un masque de bonté et de moralité. C’est une imitation, une contrefaçon de vertu. Rehausser notre réputation par de bonnes actions seulement parce que les autres regardent augmente le fardeau de l’ego, ce qui nous perturbe ensuite au niveau subconscient.
Permettre à notre bonté innée de se manifester n’est ni compliqué ni difficile. C’est dans la nature du cœur d’agir ainsi. Lorsque le mental est au repos, le cœur répond automatiquement à l’univers. Par exemple, il est de notre devoir de soutenir notre famille et c’est le cœur qui répond à cet appel du devoir. Lorsque le mental interfère dans ce processus, il ne fait que créer des couches de complexités. Mais un mental évolué ou méditatif s’aligne sur le cœur naturellement et sans effort. Lorsque le mental n’est plus que le simple témoin d’un cœur réceptif, les deux atteignent une synchronicité parfaite et la conscience reste claire.
Dans la vie nous avons de nombreux devoirs. Que ce soit vis-à-vis d’une organisation, de notre société, de la nation ou de l’univers, notre cœur devrait par nature répondre à chacun d’entre eux comme il convient.
En même temps, nous devons répondre à notre propre besoin: préparer, affiner notre cœur et le rendre plus sensible, ce qui s’accomplit par la pratique sincère de la méditation. Cela nous permet de capter facilement les ondes d’une créativité inspirée qui émanent du cœur. Nous mettons à profit ces inspirations pour nous changer et enfin pour nous transformer.
Le processus de la méditation favorise ainsi notre transformation en un individu meilleur. C’est alors que nous sommes plus attentifs à nos devoirs vis-à-vis de nous-mêmes et des autres et les accomplissons avec une efficacité intense et précise.
Nous ne devrions pas comparer notre efficacité ou notre talent avec ceux des autres. Ce n’est pas faire un usage utile de l’ego. La compétition n’est saine que lorsqu’elle se fait avec soi-même, lorsque nous tentons en permanence de nous améliorer en étant meilleur que la dernière fois.
Lorsque nous observons les autres, ce devrait être pour nous en inspirer. Voilà l’utilisation correcte de l’ego. Nous devenons donc capables de nous fixer des buts de plus en plus élevés. Tels des guerriers pacifiques, nous combattons nos propres imperfections, accomplissant chaque action avec un talent à chaque fois plus grand. Cela nous permet d’assumer des responsabilités de plus en plus grandes. Manifester les valeurs intrinsèques du cœur nous éveille ainsi à l’appel du devoir.
Le processus de transformation tout entier prend un autre sens lorsqu’après avoir compris que «J’appartiens à ce monde», nous passons à l’idée que «Le monde m’appartient!». Cela peut sembler égotique, mais sans ce sentiment de possession, d’appartenance, sans apanapan, nous nous roulerons nous-même toujours considérablement. Dire «Dieu appartient à tous et de ce fait il m’appartient aussi» est une chose, mais c’en est une toute autre que de pouvoir dire fièrement: «Il m’appartient!» Lorsqu’Il m’appartient, alors tout dans l’univers m’appartient aussi.
Lorsqu’il existe un sentiment d’appartenance, nous bâtissons des relations, et lorsque ce sentiment d’appartenance cesse, nous rompons les relations. Mais lorsque nous sommes capables de dire que l’univers entier nous appartient, nous acceptons automatiquement toute chose et toute personne qui s’y trouve.
Cette acceptation sincère nous permet désormais de dépasser le besoin de tolérer tout ou de nous abandonner à tout. C’est la bonté intrinsèque du cœur qui peut me faire accepter tout ce qui est comme étant mien. Du même coup, cela fait que moi aussi je Leur appartiens. Dorénavant, tout ce qui peut arriver nous concernera toujours tous. Ainsi, ensemble, nous nous bâtissons notre destinée unifiée.