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Voyages et Conversations avec Daaji – 25 au 31 mars 2018

Un long voyage en petites étapes

C’est le 25 mars 2018 que Daaji est parti de Kanha Shantivanam (près d’Hyderabad). À cause des vertiges dont il souffrait, il avait prévu d’éviter l’avion. Se déplacer en voiture était tout à fait possible à condition que ce ne soit pas sur de longues durées. Il a donc voyagé par la route en faisant de petites étapes, une à Kurnool, puis à Anantpur, enfin à Bangalore.

Il s’est rendu au CREST à Bangalore afin de voir où en étaient les travaux de rénovation et il a pu s’y reposer. Les pratiquants de Hosur – à peine distants d’une heure par la route – l’ont invité à leur rendre visite. Il s’y est donc rendu et a pu voir le nouveau hall de méditation récemment construit. À leur tour, les pratiquants de Salem ont très affectueusement insisté pour qu’il vienne – Salem est à deux heures de Hosur. C’est ainsi que le voyage s’est prolongé jusqu’à Salem et puis au-delà, jusqu’à Erode et Tiruppur. Arrivé là, il a pensé se rendre à Aluva ou à Chennai, et ce choix fut difficile. Finalement pour sa première visite au Kerala, il a choisi Aluva, certain que les pratiquants de Chennai comprendraient.

Voici quelques aperçus des différentes sessions dans les centres où il s’est rendu.

À Bangalore, à l’Ashram de Zone

La qualité des sittings dépend de ceux qui les reçoivent

«Je n’ai vraiment pas grand-chose à vous dire aujourd’hui. Le sitting a été d’un niveau différent, grâce à vous tous. En général, ce sont ceux qui reçoivent le sitting qui déterminent sa qualité. Dans le cas présent, nous y avons tous participé et reçu la transmission; nous avons reçu la Grâce en doses correspondant à nos capacités. Pour moi personnellement, ce fut un merveilleux sitting et je suis sûr qu’il a dû en être de même pour vous tous.»

«J’étais censé retourner à Hyderabad, mais c’est une bonne nouvelle qui me retient ici. Je vais être grand-père. Notre petite-fille arrivera donc aujourd’hui, je l’espère; et hier soir nous lui avons donné le prénom de Devki.»

Daaji conduit la méditation de groupe et cela se termina par la bonne nouvelle de l’arrivée du nouveau membre de la famille. Un pratiquant a dit: «Maintenant Daaji est Dadaji!» (manière affectueuse d’appeler le grand-père)

Au CREST

 

La Grâce

«Pujya Babuji Maharaj disait toujours qu’un seul flot de Grâce peut réaliser ce que des centaines de transmissions ne peuvent accomplir. Ce qui veut dire que nous devons demander: comment invoquer la Grâce? Si vous connaissez la méthode pour invoquer la Grâce, vous saurez alors comment accéder à l’Infini. Pujya Babuji nous a déjà donné un indice: lorsque les Maîtres sont satisfaits, la Grâce descend; les Maitres se déversent eux-mêmes en nous. Ce n’est pas un flux en goutte à goutte. C’est leur être tout entier qu’ils déversent en nous. À ce moment-là, nous devons être immensément reconnaissant et aussi, aller avec le courant: ouvrir davantage notre cœur, aménager, créer davantage d’espace à l’intérieur. Maintenant ne venez pas me demander comment créer cet espace!»

Questions/Réponses

Q: Comment observer la condition?

Daaji: Pujya Babuji Maharaj disait souvent que la réponse est cachée dans la question elle-même. Comment observer la condition? Observez. Cela a l’air très bizarre, mais cela ne l’est pas tant que ça, car c’est un fait. Vous ne pouvez apprécier la condition que lorsque vous l’observez. Et pourquoi l’observer? Quel intérêt pouvez-vous trouver à vous laisser attirer par cette observation? Et qu’est-ce qui peut vous donner envie de préserver cette condition? C’est parce que nous lui donnons de la valeur. Nous avons travaillé pour l’obtenir. Quelqu’un l’a offerte avec beaucoup d’amour et de bénédictions.

On ne devrait pas considérer les conditions comme des cadeaux gratuits, comme le cadeau d’un oncle fortuné. Ce n’est pas comme ça. Au contraire, appréciez-les vraiment. Le fait de les apprécier, de leur donner de la valeur, nous rendra encore plus attentif aux conditions qui viennent des cieux. Et c’est à cette seule condition que l’on sera mieux préparé à en recevoir encore davantage, à les préserver davantage et à leur laisser prendre encore plus d’expansion.

J’avais fait part de cette belle observation sur la condition et il y a aussi un secret dans la description que donne Pujya Babuji Maharaj en évoquant la condition spirituelle au point 1. De ce passage, j’ai relevé ‘A E I O U’. Acquérir la condition. Comment l’acquérir? Méditez. Ensuite les E I O U ne peuvent arriver que si nous témoignons d’un vif intérêt pour nous-mêmes, pour notre véritable croissance spirituelle. Alors tout peut se mettre en place. Si nous traitons cela avec désinvolture, cela n’arrivera pas. C’est comme lorsque la pluie menace: quand il pleut, elle tombe sur les pierres comme sur un sol fertile. Cela peut devenir une belle oasis verdoyante. Lorsqu’elle se déverse sur des zones arides et pierreuses, c’est tellement caillouteux que l’eau aura beau tomber, rien ne poussera. Nos cœurs sont-ils ainsi ou sont-ils préparés comme un sol fertile, de sorte que tous les sankalpas qu’émet notre Guru en notre faveur, vont germer à partir de cette graine pour devenir un jour, un arbre spirituel géant? Offrons-nous cette atmosphère propice à nos cœurs? Alors cette magie peut se produire.

Q: Au fur et à mesure de notre évolution, notre conscience s’étend. Où devrait se porter notre attention?

Daaji: Toujours sur le cœur. Notre attention doit toujours se porter vers les ressentis qui émergent de notre cœur.

Q: (inaudible)

Daaji: Je crois absolument à cette vérité profonde: notre âme choisit nos parents avant la naissance – ‘voilà mes parents, voilà les circonstances dans lesquelles mon évolution est assurée si je viens au monde’ – l’âme est donc attirée vers les parents comme la limaille de fer est attirée par un aimant; cela correspond comme la clé à la serrure sans aucun problème. De même, au moment de la mort, le niveau vibratoire de notre âme trouve une dimension correspondante du fait de qui nous sommes. Si les vibrations sont lourdes, l’âme ne peut pas accéder à une dimension supérieure et elle devra se fixer dans une dimension inférieure. Si elle est très raffinée, elle ira dans la dimension qui est aussi raffinée. Nous sommes donc les créateurs de notre destinée, personne d’autre ne peut le faire pour nous. Tapasya d’un côté (la pratique), et de l’autre les sacrifices, vont préparer notre âme.

Q: Dans les messages des Whispers, il est tant de fois écrit: “Ce qui doit être sera.” Pouvez-vous nous expliquer.

Daaji: [il rit] Ce que je dois expliquer, je ne dois pas l’expliquer! Laissez cela juste tel quel. C’est très simple. Ce qui doit arriver arrivera. Mais ce n’est pas non plus totalement vrai. Pujya Babuji Maharaj est un vieil homme très complexe. Il emploie certaines phrases dans certaines situations. Nous croyons que notre vie est guidée par nos actions passées, nos samskaras, et que ce bagage de samskaras nous prépare pour l’avenir. Mais ce n’est pas non plus tout à fait vrai. Il prépare effectivement notre avenir mais nous pouvons toujours intervenir et le rendre pire ou meilleur. La destinée est là mais nous pouvons aussi l’influer et la changer. C’est le message du Sahaj Marg en réalité; nous ne sommes pas esclaves de la destinée qui est déjà gravée dans notre avenir. Notre destinée peut être changée.

Q: Comment développer l’intérêt?

Daaji: C’est une question difficile. Là, je ne peux pas vous aider. C’est comme lorsqu’on parle aux enfants en disant: «Thoda padh lo na [si tu lisais un peu].» À vrai dire, comment le faisons-nous? Il nous faut jouer avec eux et peut-être devons-nous ruser. On fait tellement de choses. Cela arrive petit à petit.

Un bon conseil est de feindre d’être intéressé; c’est ce que conseille le vieil homme. Pujya Babuji Maharaj disait que si vous faites semblant d’être fou, vous êtes sûr de devenir fou un jour. Nous devons donc essayer, au moins artificiellement. Si la véritable soif n’est pas là, si le cri d’appel à Dieu ne vient pas du cœur – «Mon Dieu, je ne suis pas capable de vous appeler à l’aide,» – mettez-y au moins un maximum d’abandon et voyez ce qui arrive?

Q: Qu’est-ce que l’entité spirituelle?

Daaji: En fait, cela ne présente d’intérêt que pour très peu de personnes. La plupart d’entre nous n’a pas besoin de se soucier de l‘E.S. car même lorsque cela se produira nous ne le saurons pas. Cela requiert aussi un certain niveau de sensibilité. Si vous lisez très attentivement ‘La Réalité à l’Aube’, Pujya Babuji Saheb dit que beaucoup de personnes apprécient l’amour de la mère, très peu comprennent et apprécient l’amour du Guru et plus rares encore sont celles qui apprécient l’amour de Dieu. Puis, il continue en disant que la mère porte le bébé dans son ventre pendant neuf mois et que le Guru aussi conserve l’entité spirituelle du disciple dans sa matrice mentale pendant sept mois jusqu’à ce qu’elle soit ensuite mise au monde dans le Monde Lumineux. Mais la personne dont l’entité spirituelle est née dans le Monde Lumineux reste en vie ici-bas. Quand plus tard, la personne s’en ira, son âme fusionnera avec l’entité spirituelle. Cela se produit dans la plupart des cas pour les saints qui sont libérés et sont allés au-delà.

Au Sahaj Marg beaucoup d’âmes sont libérées, mais n’ont peut-être pas une entité spirituelle. C’est une toute autre affaire. Il se peut qu’une personne ait accédé à la libération, mais lorsqu’une âme libérée fusionne avec sa propre entité spirituelle, nous appelons cela mahasamadhi.

Q: Comment voir Dieu?

Daaji: Nous ferons certainement l’expérience de la présence de Dieu. Dès l’instant où nous parlons de ‘voir’ Dieu, cela signifie une forme ou akar. Mais toute philosophie – que nous soyons adorateur de Vishnou ou de Shiva, dvaita [NDT: dualiste] ou advaita [NDT: non-dualiste] ou au-delà – affirme que même si nous commençons par akar, nous finissons par nirakar [sans forme] et au-delà.

Ainsi, si nous voyageons sur le chemin vers le ‘sans-forme’ et au-delà, nous ne pouvons pas retourner vers la forme et dire: «Oh! Où est la forme?» Car cela nous limite. Nous ne pouvons pas faire basculer l’Infini pour pouvoir dire: «Oh, voilà Dieu.» Cela ne peut pas se produire. Ça se trouve peut-être dans les Shastras, dans les Écritures Saintes, mais pas dans la réalité.

Le culte des idoles, cela dépend de nous. C’est pour les enfants. Enfants, nous pratiquions aussi le culte. Nos parents nous ont appris à faire ce namaskaram [prosternation] et toutes sortes de choses comme ça. C’est bien. Ensuite, cependant, doit venir un moment où nous passons de la forme au sans-forme, de akar à nirakar. Il n’y a rien de mal à la forme, mais nous devons en sortir et comprendre, ressentir et transcender.

Quel est le but de la religion? La religion a un certain système de croyances dans lequel on donne aux enfants la connaissance que Dieu est ceci et Dieu est cela. Lorsque nous arrivons à une voie spirituelle telle que la Voie Heartfulness, nous commençons à faire l’expérience de la nature de Dieu, à commencer par ce que nous percevons, comme le calme. Lorsque nous méditons, nous nous sentons étroitement associé à ce ressenti, nous nous sentons immensément paisible. Nous nous sentons courageux. Il y a un courage sans précédent qui se développe dans notre cœur; ce sont d’excellentes qualités.

Quelles sont les qualités majeures d’Hanuman? Il avait deux qualités majeures, l’une était un immense courage: «Rien ne peut aller mal tant que je suis avec mon Seigneur.» La seconde était l’humilité. Il jouait avec ses deux opposés. Son extrême humilité lui a donné son nom; ‘Hanu’ veut dire ‘sans’ et ‘man’ veut dire ‘honneur’. L’essence en est: celui dont la vie ne tire d’honneur de qui que ce soit hormis de son Seigneur. Aussi devons-nous connaître et apprendre toutes ces choses et les concrétiser dans notre vie.

L’étape qui vient après la spiritualité, c’est la Réalité. Dans la Réalité, que se passe-t-il? Là, nous voyons les choses telles qu’elles sont. Par exemple, quand nous vivons quelque chose dans notre vie quotidienne, cela passe toujours par le ressenti. Il y a une différence entre l’approche mentale et l’approche qui vient du cœur. Le ressenti est toujours supérieur à la pensée. Lorsque nous entrons dans le domaine de la Réalité, où nous percevons les choses telles qu’elles sont, il n’y a ni pensée ni ressenti, mais une perception directe, aussi nous ne perdons guère de temps. Nous devons arriver à un tel état. Alors émergera le véritable ressenti, comme dans l’exemple d’Hanuman, nous le décrivons comme celui qui n’aspire à rien, à aucun honneur et en même temps comme celui qui n’inspire aucun irrespect.

Disons que vous êtes en colère et que quelques minutes après vous vouliez méditer. Pourrez-vous méditer? Vous devez avoir au préalable une certaine condition intérieure pour inviter Dieu dans votre cœur. Qu’apprenez-vous alors? Vous ne pouvez pas vous mettre en colère quand vous voulez méditer. ‘Devenir’ est donc important.

À présent, dans un autre scénario, vous êtes extrêmement paisible et calme et puis vous méditez. Vous observez votre condition. Vous évoluez dans un état de calme et de paix et vous invitez Dieu. Dans encore un autre scénario, l’intensité de l’amour vous met dans un état d’impatience: «Oh Seigneur, où êtes-vous? Je voudrais vous ressentir.» Vous êtes tellement impatient que vous ne pouvez pas vivre sans lui. Cette expérience sera différente. Il y a une autre expérience où vous ne ressentez absolument rien. Lorsque vous invitez cette condition, que Pujya Babuji appelait Abudiyat, l’état d’inertie pour lequel il disait que des centaines de transmissions étaient accordées, vous devenez quelque chose d’autre.

De tout cela, nous apprenons que si vous devenez quelque chose, votre expérience est en lien. Nous nous centrons donc à présent sur le devenir. Vous n’êtes plus focalisé sur la connaissance religieuse, vous ne vous souciez plus des expériences spirituelles, vous vous préoccupez uniquement de devenir votre véritable soi dans la Réalité. Vous êtes devenu insignifiant, vous êtes devenu tout à fait humble et vos expériences sont juste super. Elles deviennent toujours meilleures. Alors quoi? L’expérience la plus fine se produira quand vous ne serez rien. Effacé. Alors viendra la véritable béatitude. Et pour un tel chercheur, lorsque viendra la véritable béatitude, elle lui semblera pesante, en l’absence du ‘je’. Si je ne suis intéressé que par mon Seigneur, lorsque ‘je’ est absent, même la béatitude devra disparaître. Voilà donc le voyage du Sahaj Marg, la Voie Heartfulness.

Dieu est toujours là. Il attend avec impatience. Ce n’est pas une découverte. Faites l’expérience. Si vous ne ressentez aucun besoin d’avoir peur de Dieu, vous n’avez alors pas besoin d’offrir la prière. Vous êtes rendu à la maison. Je vous dis simplement: développez un niveau d’aspiration tellement fort dans votre cœur que vous devenez. Ne vous contentez pas de faire l’expérience de Dieu, devenez vous-même divin.

A suivre…

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