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Une conscience compatissante

Chers amis,

Deux des plus importantes qualités qui font de nous des êtres humains, c’est d’éprouver de la sympathie et de l’empathie pour ceux qui souffrent, et de vouloir les aider. En d’autres termes, c’est la capacité de prendre soin des autres. Pourquoi ne nous entraidons-nous pas en permanence? Et pourquoi parle-t-on aujourd’hui d’usure compassionnelle?

Prenons une analogie. Les cellules de notre corps remercient-elles le cœur de leur envoyer du sang? Le cœur remercie-t-il les poumons de lui apporter de l’oxygène? Les poumons remercient-ils le cerveau pour le maintien de la fonction respiratoire involontaire? Imaginez que chaque partie de notre corps se dise qu’elle est séparée et n’a rien à voir avec le reste du corps. Même s’il n’y a apparemment que peu de lien entre l’oreille et l’orteil. Ce serait ridicule, non? Maintenant prenons en comparaison les relations que nous avons entre êtres humains. Nous considérons-nous connectés ou séparés? Nous nous comportons souvent envers les autres comme si nous étions l’oreille et eux le gros orteil, sans aucun lien entre nous. C’est parce que nous ne voyons plus ce lien que nous ne faisons pas l’effort nécessaire pour porter secours à quelqu’un ou faire preuve de compassion envers une personne qui souffre.

Un cœur compatissant fait passer les autres en premier et ne pense pas aux contrariétés ni aux sacrifices, même quand il s’agit de parfaits inconnus – parce qu’aider les autres, c’est simplement être fidèle à sa propre nature. En fait, on pourrait dire que la véritable Divinité réside déjà dans ces cœurs compatissants et aimants, et qu’ils n’ont pas besoin d’attendre d’aller au ciel, puisqu’il est constamment présent autour d’eux. À un niveau supérieur d’évolution, le champ de l’aide s’élargit, c’est comme si on s’aidait soi-même plutôt que «l’autre». Lorsque cette prise de conscience se fera à grande échelle, nous assisterons à un saut quantique dans l’évolution de la conscience humaine.

Une conscience compatissante - bébéLa compassion, c’est avant tout sentir les autres, entrer en résonance avec eux, leur répondre. Même si nous n’avons pas éprouvé la même douleur, ça n’empêche pas de secourir quelqu’un qui est tombé. À n’importe quel moment, nous pouvons interroger notre cœur: «Si j’étais dans cette situation, de quoi aurais-je besoin?» Nous avons tous la capacité naturelle de «faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils nous fassent». Cette disposition ne s’affaiblit que si la voix du cœur est ignorée, évincée par les considérations plus égocentriques du moi inférieur, qui peut se croire séparé de l’autre: «Mais si j’aide cette femme qui est tombée, je serai en retard au travail, j’aurai des ennuis avec mon patron. Et puis, je devrai peut-être la ramener chez elle ou l’emmener à l’hôpital…» «Si je me mets à aider mes jeunes collègues, on leur attribuera le mérite du projet et je risque de perdre ma promotion.» «Si je m’excuse auprès de ma femme pour avoir fait une erreur, elle prendra le dessus!» Ce sentiment de séparation devient une prophétie qui se réalise elle-même puisqu’elle renforce la solitude et le manque de cette chose essentielle: l’amour.

Mais si nous intériorisons nos sens et notre regard, nous nous observons alors dans notre miroir intérieur. Si quelque chose n’est pas tout à fait correct, nous avons la possibilité de nous ajuster. Et plus nous regardons en nous-même, plus nous prenons conscience de notre indifférence et de ces pensées et émotions égocentriques qui autrement passent inaperçues. Ce face à face avec nous-même est un moment fort. C’est là que le changement devient possible.

Seule la méditation peut faire naître en nous la conscience compatissante. À mesure que nous nous connectons au cœur, il nous guide vers la bonté, la compassion et, au-delà, vers bien d’autres choses encore. Quand la main se glisse dans la poche pour donner quelques sous au sans-abri dans la rue alors que les jambes l’ont déjà dépassé, c’est le cœur qui nous fait revenir sur nos pas pour lui venir en aide. C’est aussi dans le silence du cœur et du mental que nous en venons à reconnaître nos failles, nos manquements, et à faire la paix avec eux. Et une fois devenus tolérants et compatissants envers nous-mêmes, nous pouvons facilement l’être envers nos semblables.

Imaginez-vous pénétrant tout au fond de votre conscience, et retirant une à une toutes ces couches: nom, sexe, race, milieu social, diplômes, religion, etc. Imaginez que dans cette relaxation profonde, vous soyez capable d’aller au-delà du corps et du mental. Que reste-t-il? Il y a toujours la conscience que vous existez. À ce niveau, en quoi êtes-vous différent des autres?

Une conscience compatissante - oiseauxImaginez à présent une toile sur laquelle sont dessinés divers éléments: des gens, des animaux, une île, des arbres, des montagnes, le soleil. Chaque élément est séparé mais tous se trouvent sur cette même toile. Si on gommait le contour de chaque élément, on ne distinguerait plus rien d’autre que la toile. Notre conscience est pareille à cette toile, dans notre cas, comme elle est si vaste et que les contours sont si peu visibles à l’œil nu, nous ne voyons même pas que nous sommes tous présents et reliés les uns aux autres sur la «toile» de la conscience. Or c’est la même situation que les diverses parties du corps connectées entre elles pour former un être complet. Et avec un peu d’imagination, il est possible de comprendre que, lorsqu’une partie du corps est malade, le reste ne peut pas se maintenir en bonne santé.

L’expérience personnelle de cette inextricable connexion avec les autres développe en nous une conscience naturellement empathique. La compassion n’est plus un acte volontaire conscient, pas même une nécessité, c’est devenu une réaction intuitive aussi naturelle que la respiration. En réveillant cette conscience, nous devenons plus attentifs, plus sensibles. Et plus cette prise de conscience s’amplifiera, plus notre race humaine s’améliorera.

Comment élever notre conscience et la rendre plus fluide, plus souple, pour qu’elle soit toujours prête à réagir avec justesse, de façon proportionnée? En plongeant de plus en plus profondément dans notre cœur afin de sentir notre relation avec tout ce qui nous entoure. Alors la compassion et la bonté deviennent naturelles et spontanées, dans chaque pensée, chaque action. La méditation Heartfulness accompagnée de pranahuti, la transmission, nous aide à y parvenir en éliminant graduellement les filtres du désir excessif et de l’ego qui compliquent les affaires du cœur et du mental. Nous déplaçons notre attention de «moi» à «nous». À mesure que nous progressons, la conscience s’étend pour atteindre une dimension encore plus élevée, où les qualités de générosité de cœur, d’humilité, de compassion et de bonté atteignent leur sommet. C’est ça, la voie Heartfulness!

Je vous souhaite le meilleur,

Daaji

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