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Séminaire européen & Conversations avec Daaji – Dixième partie

Octobre 2017, Kanha Shanti Vanam
Jeudi 26 octobre 2017, matin

 

Cinquième maxime: suite

Alors que se poursuivait le séminaire, au petit matin, Daaji et les pratiquants européens désherbaient le pourtour du lac derrière le cottage. Une méditation de groupe a eu lieu ensuite, en plein air près du lac, au moment où la nature s’éveillait tout autour. C’étaient des moments magiques avec Daaji.

Le jeudi matin, après la méditation de groupe, Daaji a poursuivi sa série de causeries sur les maximes. Il a commencé par compléter ses propos sur la cinquième maxime:

«Revenant au deuxième paragraphe du commentaire de Babuji Maharaj sur la cinquième maxime, il a brièvement mentionné que: ‘Le mot Réalité, tel que je l’ai utilisé, ne reflète pas non plus le véritable sens, car tous les sentiments et toutes les perceptions se terminent là.’ Ainsi, lorsque nous nous focalisons sur cette idée, en essayant de comprendre que le domaine de la Réalité se trouve là où s’arrêtent tous les sentiments, cela se rapporte d’une certaine manière à ce qu’il dit dans la Réalité à l’Aube: ‘Là où se termine la religion commence la spiritualité, et là où se termine la spiritualité commence la Réalité’.

«La religion traite des croyances et des dogmes. Lorsque nous transcendons les dogmes et les croyances, nous entrons dans le champ de la spiritualité où nous avons une sorte d’intuition, nous commençons à ressentir l’essence de la Divinité. Or là, dans la cinquième maxime, il nous révèle que lorsque les sentiments prennent fin après avoir joué leur rôle, nous sommes dans le domaine de la Réalité. C’est juste pour élargir votre compréhension.

 

Le choix nous appartient

«Et les deux dernières phrases du commentaire disent: ‘Elles sont vraiment inestimables pour nous quand elles se manifestent comme des cadeaux (il parle des souffrances). Débordant de la joie d’en être gratifié, on est naturellement enclin à exprimer ses sentiments de gratitude à leur égard.’ Comment comprendre cela? J’ai essayé une approche négative pour le comprendre. Si nous les considérons comme des cadeaux – oui, super! – mais si nous ne les considérons pas comme des cadeaux, mais disons, comme des malédictions, comme des punitions, qu’arrive-t-il alors? Nous sommes stressés. Au niveau physiologique le taux de cortisol crève le plafond et l’augmentation du cortisol dans le sang va créer bien d’autres ravages, comme diminuer notre immunité, augmenter notre rythme cardiaque, avec encore d’autres facteurs de stress, l’un en générant un autre. Pour le résumer en une simple question: si nous le prenons de façon négative, au lieu de le prendre de façon positive, qu’arrive-t-il?

 

Sixième maxime

«Nous en venons maintenant à la sixième maxime: ‘Considérez tous les gens comme vos frères et traitez-les comme tels.’»

Daaji a lu la totalité du commentaire de la sixième maxime, puis il a partagé quelques réflexions:

«En spiritualité, notre succès ici-bas dépend de notre capacité à dissoudre notre filet individuel, ce qui dépend de notre manière d’être unis, et cela dépend de la fraternité. J’ai quelques autres idées sur le sujet qui vont l’éclairer un peu plus.

«En observant tous ces arbres, nous réalisons que les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits sont tous nourris par les racines. De la même façon, nous sommes tous nourris par Dieu. Si les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits avaient une conscience individuelle, peut-être se mettraient-ils à se battre pour leur bénéfice personnel et leur existence. Les fruits pourraient dire: ‘Il m’en faut davantage,’ les fleurs réclameraient: ‘Il m’en faut davantage,’ et le tronc dirait: ‘Il m’en faut davantage.’ Quant à la branche maîtresse elle pourrait dire: ‘Je soutiens toutes ces branches, aussi j’ai besoin de plus.’ Alors ce serait le chaos et c’est ce qui nous arrive à tous. L’essentiel est oublié et toutes ces branches manifestées se battent et semblent différentes.

«Un autre exemple me vient à l’esprit: ce sont ces millions et millions de vagues qui surgissent et retombent dans les rivières, les océans, les étangs et les lacs. Imaginez un instant qu’elles aussi se mettent à penser: ‘Nous sommes toutes des entités individuelles’, alors que sans l’eau, ces vagues n’existeraient même pas. L’eau est l’un des principaux éléments de cette planète et elle existe sous trois formes. Et qui sait, il y a peut-être une quatrième et une cinquième forme dont nous n’avons pas conscience. La plus importante, c’est l’eau que nous buvons. La seconde forme, c’est la glace et la troisième, la vapeur d’eau. La neige en est une autre. Au fond, lorsque nous analysons n’importe laquelle, ce n’est que de l’hydrogène et de l’oxygène qui se manifestent sous différentes formes. Deux éléments qui se manifestent sous de multiples formes.

«Alors pourquoi pas la Divinité infinie? L’infinité de Dieu se manifestant dans une infinité de formes, alors que l’essence de toutes est la même!

 

Considérez toujours que l’autre est plus important que vous

«Malheureusement, les systèmes de croyances et les dogmes – même des systèmes comme le Sahaj Marg – peuvent produire des fanatiques parmi nous. Même dans un groupe aussi réduit, beaucoup d’entre nous pensent: ‘Il est tellement bon, je n’en suis pas encore là.’ Mais ce raisonnement à son tour crée un système de classe. Cela nous sépare. Certains d’entre nous cultivent peut-être l’idée que nous sommes bien meilleurs que les gens qui ne méditent pas. Quelquefois nous nous moquons de nos proches, de nos amis et des membres de notre famille qui ne pratiquent pas le Sahaj Marg. Je pense que nous devons reconsidérer notre manière d’appréhender les choses ainsi que nous-même. Il y a beaucoup d’autres bons systèmes. Laissez les autres suivre ce qu’ils ont envie de suivre. Respectez leur choix et honorez-le. Ne devenons pas des juges et des critiques, même si nous disons peut-être: ‘Oh, j’aimerais que tu profites aussi de ce que j’apprécie.’

«Mais ne voient-ils pas ce que vous faites? Ils le savent, mais le fait de pratiquer avec fanatisme ne fera qu’éloigner les autres. La distance entre les membres de la famille, les amis et les collègues de bureau ne fera que s’accroître. Aussi, si vous le souhaitez, vous pouvez pratiquer tranquillement, tout en magnifiant votre mode de vie de telle manière que vous n’ayez pas à dire: ‘Je médite, c’est la raison pour laquelle je suis ainsi.’ Ils doivent voir pourquoi nous sommes comme nous sommes sans que nous en parlions. Laissons parler nos actes. Laissons parler notre mode de vie.

«Aussi la fraternité ne peut être créée que lorsque nous respectons les autres et que nous leur faisons confiance. Quand nous les méprisons, cela crée des problèmes. C’est la raison pour laquelle Babuji a donné un si merveilleux conseil: Il n’y a rien de mal à penser que vous êtes important, allez-y, amusez-vous avec votre importance, mais n’oubliez jamais que l’autre est plus important. Cela créera beaucoup d’harmonie. Mépriser les autres en les considérant comme insignifiants et bons à rien crée également ce genre de problème.

«Aussi, je pense que tenter de mener une existence individualiste, d’une manière qui sépare, en s’efforçant d’être différent, crée une sorte de discorde et détruit l’harmonie. Je pense que c’est pour cette raison que de nombreux systèmes adoptent des principes externes tels que, par exemple, un code vestimentaire. Tous les frères vont porter des habits rouges ou toutes les sœurs vont porter des saris rouges et tous ceux qui portent du rouge sont frères et sœurs. C’est uniquement extérieur et c’est trop superficiel, même si tout ce rouge crée en fait un certain niveau de similitude dans le champ énergétique. Mais dans le fond, nous essayons de dissimuler les différences. Il n’y a rien de mal non plus à avoir des différences, tant que nous respectons nos différences mutuelles. Et il est bon d’avoir des différences. Les différences enrichissent tout le système.

 

Appréciez l’expérience de chaque pratiquant

«L’expérience d’un individu au troisième point peut ne pas être exactement la même que celle de quelqu’un d’autre. Toutefois une autre personne ne va peut-être rien ressentir au troisième point, et cela est bien aussi. Les expériences vont varier, les opinions vont varier; cela aussi nous devons le respecter.

En tant que précepteurs, lorsque nous donnons un sitting à quatre pratiquants en même temps, en général, après le sitting, nous demandons en général: ’Comment vous êtes-vous senti?’ Chacun donnera une réponse différente. Parfois le dernier dira: ‘Je me suis senti comme le premier, et ma chère sœur, ce que vous avez ressenti, je l’ai aussi ressenti.’ Vous pouvez comprendre la raison d’un tel opportunisme. L’intention de ce pratiquant est bonne mais il n’est ni authentique ni sincère. Il est bon d’avoir des expériences différentes. Quelqu’un dira peut-être: ‘J’ai senti du nettoyage à tel et tel point.’ Un autre dira: ‘J’ai reçu de la transmission à tel et tel point.’ Quelqu’un d’autre encore: ‘J’ai senti dans la première moitié du sitting, beaucoup de transmission. Dans la seconde partie il y avait beaucoup de nettoyage.’ Un autre dira: ‘Oh! Je pensais que le précepteur s’était endormi. Il n’a rien fait.’ Quelquefois il peut y avoir des sittings placebo. On ne sait jamais.

«Les opinions, idées et observations que nous recevons des pratiquants sont toutes parfaites, toutes géniales, toutes correctes. Nous leur demandons ce qu’ils ont observé. Quand je vaporise de l’eau sur différents types de sols, chacun d’eux va réagir différemment. Vous vaporisez de l’eau sur du marbre vert ou sur du marbre rouge, la réaction sera différente. Nous sommes tous porteurs de samskaras différents. Nous allons tous avoir des expériences différentes en réponse à la même transmission et au même nettoyage. Dans ce type d’expériences, parfois quelqu’un se dit: ‘Ce type-là se sent si bien, je ne me sens pas à sa hauteur.’ Nous ne devrions pas comparer. C’est la raison pour laquelle Babuji décourageait toujours les pratiquants de discuter entre eux de leurs expériences. Si vous comprenez au moins que l’expérience d’un autre ou d’une autre peut être différente de la vôtre, c’est parfait. Quelqu’un dit: ‘J’ai ressenti quelque chose au treizième point et j’ai senti aujourd’hui la présence du Seigneur Krishna effleurant mon front de sa plume.’ D’accord, vous êtes béni mais pendant tout mon sitting j’étais en train de regarder le film Titanic. Cela peut arriver et il n’y a rien de mal à exprimer ce que vous avez exactement ressenti.

«L’expérience ne rend pas quelqu’un génial ou minable. Certaines personnes ont des hallucinations: ‘Je suis entré en communication avec Meera.’ Génial! Je ne ferai pas de commentaires et il n’est pas utile d’en faire d’ailleurs. Les gens qui ‘communiquent’ vraiment n’en parlent pas et ne s’en vantent jamais. Ils ne disent rien. Ils sont tellement humbles. Et c’est pour cette raison que de grandes âmes se manifestent à de telles âmes. Si vous le criez sur les toits, vous ne manifestez que votre ignorance et votre stupidité.

Est-ce qu’en disant cela, je suis en train de désigner un autre frère ou sœur? Non, ce n’est pas le cas. Je ne fais que vous mettre en garde. Ne commettons pas de telles erreurs, ne commençons pas à nous rabaisser: ‘Oh! Ce n’est pas ce que je ressens.’ Personne ne ressent cela. Nous ne devons pas créer une hiérarchie au sein de notre groupe. Nous avons déjà suffisamment de différences entre canadiens, danois, allemands. Les différences sont superficielles, alors qu’elles restent superficielles. Il en est de même pour ce que nous vivons: celui-ci est en dortoir, un autre est sous une tente et un autre encore est logé en appartement; tout cela est bien trop superficiel pour qu’on s’en soucie.

 

Soyez ouvert et compréhensif plutôt que critique

«Je voudrais maintenant aborder quelque chose de très important. Vous savez tous que notre Mission s’est lancée dans un développement spirituel qui couvre toute la planète. Tous nos frères et sœurs sont très actifs et certains de nos volontaires ont vraiment un impact très positif sur notre mouvement spirituel Sahaj Marg. Lorsque les activités se produisent avec une telle intensité, les nouveaux-venus vont et viennent, les plus anciens viennent et disparaissent, et dans notre travail il y aura toujours des différences dans l’approche.

«Lorsque nous disons que Heartfulness offre, ou que le Sahaj Marg offre, ou que la Shri Ram Chandra Mission offre la méditation, c’est parfaitement correct. Nous employons ces terminologies – Shri Ram Chandra Mission, Heartfulness ou Sahaj Marg – en fonction du pays, de la ville, de la psyché des gens et de la conjoncture globale. Y a-t-il une différence? En réalité, il n’y en a pas. C’est comme porter une tenue adaptée à la société. C’est tout.

«J’ai donné cet exemple lorsque dans une ville très libérale d’un état orthodoxe de l’Inde, nous avions animé une Porte Ouverte. ‘La Shri Ram Chandra Mission vous invite…’ et on avait placé des banderoles dans toute la banlieue. Des types attendaient nos volontaires pour les tabasser. Ils ont dit: ‘Nous n’allons pas vous laisser conduire des meetings ici.’ Alors nos volontaires ont demandé: ‘Mais qu’est-ce qui vous prend?’ Et la réponse a conduit à ce seul mot: ‘Mission’. ‘Vous êtes en train de répandre le Christianisme ici.’

«Peut-être ne vous attendez-vous pas à une telle ignorance ou à de tels problèmes en Inde. Certaines universités pensent que nous sommes des Hindous car c’est Shri Ram Chandra qu’ils associent au Seigneur Rama d’Ayodhya. Aussi, pour éviter quelque niveau de controverse, nous employons Heartfulness. Cela fait-il une différence? Il n’y a absolument aucune différence. Lorsque nous parlons, lorsque nous faisons notre travail spirituel, c’est la transmission. Y a-t-il quelque chose de différent ici? Pas du tout. Pourtant certains responsables ont encore cette idée erronée que Heartfulness est différent, que la Shri Ram Chandra Mission est différente. Nous ne faisons que re-présenter notre essence.

«Certaines personnes disent que désormais le Sahaj Marg ne croit plus aux trois sittings (d’introduction). Si vous connaissiez l’histoire… Babuji donnait un seul sitting, et en plus, à longue distance, et il disait: ‘C’est fait. Vous pouvez commencer à pratiquer dès demain.’ Il lui arrivait parfois de donner des sittings à vingt personnes et il autorisait beaucoup de précepteurs à faire également ce travail à distance. Les pratiquants danois se souviendront comment Kasturi et quelques autres précepteurs prenaient directement soin d’eux. Entre temps, cela a dû être interrompu à cause de certains problèmes, comme par exemple, certains pratiquants qui s’arrangeaient au préalable avec le précepteur en lui disant: ‘J’aimerais que tu me donnes un sitting tous les vendredis à 10 heures.’ Ils s’arrangeaient donc à l’avance et qu’arrivait-il? Quelquefois le pratiquant oubliait ou c’est le précepteur qui oubliait et le sitting se déroulait, parfois sans qu’aucun des deux n’y participe. Le Maître était très contrarié et il a mis fin à ce processus. De nos jours, il suffit de lancer un appel téléphonique et tant que quelqu’un vous donne un sitting et que vous le receviez, et c’est parfaitement correct. En utilisant la nouvelle technologie, nous ne faisons rien de mal. Nous ne changeons pas le système.

«Néanmoins lorsque les sittings à distance étaient encouragés du temps de Babuji, il y avait de nombreuses raisons. Il y avait peu de précepteurs dans les pays étrangers, aussi a-t-il autorisé les sittings à distance pour faciliter le processus. À présent, malheureusement, les sittings à distance sont privilégiés par les précepteurs et les pratiquants paresseux qui ne sont pas de bonne foi. Cela peut sembler très drôle qu’au douzième étage d’un immeuble un précepteur en appelle un autre qui est au dixième, pour lui dire: ‘Donne-moi un sitting, s’il te plaît.’ C’est ce que j’appelle de l’abus. Les meilleurs sittings se font toujours de personne à personne, en face à face, en étant présent physiquement. Tout le reste est pour la commodité, alors nous faisons des compromis.

 

Préparer l’avenir

«À présent, du côté organisation, j’aimerais demander à tous les responsables européens de se mettre en quête de leur successeur. Recommandez des jeunes et préparez-les afin qu’il y ait une forme d’approche différente. Ce n’est pas que ce que nous avons fait et faisons ne soit pas bien. Non. Nous avons besoin de créer une nouvelle génération d’administrateurs. Cela ne veut pas dire non plus que vous allez être mis à la retraite. En spiritualité, il n’y a pas de retraite! Quand vous serez déchargés du travail administratif de responsable, vous pourrez faire davantage de travail spirituel. Considérez-le de ce point de vue. Les responsables ne doivent donc pas penser qu’ils sont rétrogradés ou humiliés. Non, pas du tout. Vous aurez une plus grande responsabilité dans l’accomplissement du travail spirituel. Au lieu de donner des sittings pendant une demi-heure ou de faire le travail de la Nature pendant une demi-heure, vous aurez maintenant beaucoup plus de temps. En même temps nous sommes en train de mettre en place une sorte de continuité, du sang neuf, un esprit neuf, un nouveau dynamisme.

«Maintenant devez-vous faire vos recommandations dès aujourd’hui? Non. Prenez votre temps. Lorsque votre cœur sentira que vous devez recommander quelqu’un, faites-le. Cela ne veut pas dire que nous l’accepterons, mais votre recommandation sera appréciée.»

 

À suivre…

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